Kale • My mom went to the store one day...

Kale est né le 17 Avril à Kuala Lumpur, en Malaisie, il y a 33 ans. Il était le fils d’un militaire américain affecté à la protection de l’ambassade et de sa femme une éducatrice à la maternelle galloise qu’il avait rencontrée par le passé lors d’une autre affectation. Elle avait tout abandonné pour le suivre en Malaisie. Kale les avait rejoints après environ 1 an de vie commune en Malaisie. Ils voulaient un bébé depuis plusieurs années déjà, alors ils avaient vu son arrivée comme une bénédiction et le signe d’approbation silencieuse de leur dieu puisque ses parents étaient de très fervent religieux. Surtout son père, il avait lui-même fils de pasteur. D’ailleurs, c’était une des choses qui le rendaient un peu mal à l’aise de vivre en Malaisie, un pays à majorité musulmane et il y avait aussi beaucoup de bouddhiste. C’était sans surprise qu’il avait choisi de vivre dans un quartier avec une bonne représentation d’américains comme lui qui partageaient ses valeurs et même si la majorité demeurais des malaisiens il n’avait pas l’intention de se mélanger avec eux plus que nécessaire. Surtout qu’il ne savait même pas combien de temps il se trouverait à rester affecté à l’ambassade.

L’enfance de Kale a plutôt été sans histoire pour la majeure partie. Il avait été envoyé à une école de la maternelle spécialement choisi par sa mère et il s’était bien intégrer à la communauté américaine de son quartier même s’il était beaucoup plus curieux que ses parents à l’idée de découvrir le monde au-delà de celle-ci. D’aussi longtemps qu’il se souvienne, c’est dans la même période qu’il avait commencé la maternelle que sa mère avait montré les premiers signes de son inconfort en Malaisie. Mais ça s’est détérioré très rapidement, même s’il ne le réalisait pas à l’époque puisqu’il était si jeune. Son père était tellement préoccupé par ses obligations, il n’avait pas beaucoup de temps pour elle et elle avait sous-estimée les difficultés qu’elle aurait à s’adapter à un pays, une culture et une société si différente de la sienne. De plus, elle n’avait jamais repris sa carrière d’éducatrice en Malaisie pour pouvoir s’occuper de son fils alors elle avait un gros vide. Elle se sentait seule, délaissée et maintenant qu’elle n’avait plus à s’occuper de son fils, elle se sentait inutile. Sa recherche d’emploi n’allait nulle part, en bonne partie dû au fait qu’elle ne parlait pas malais et n’avait pas été employé comme éducatrice depuis des années. Kale ne pourrait pas dire avec certitude si c’est le moment où sa mère a commencée à être dépressive, mais les premières graines avaient définitivement été semées et quelques années plus tard elle développait une addiction aux antidépresseurs. Puis, éventuellement, des drogues plus dures. Son mari l’avait confronté, lorsque son fils n’était pas là, il était inquiet pour elle et inquiet pour leur famille. Elle avait promis d’arrêter, mais ne l’a jamais fait. L’idylle de ses parents en Malaisie a pris fin de manière assez définitive alors que Kale avait 14 ans.  Son père était mort dans un accident de voiture en se dirigeant vers le bar de prédilection des employés de l’ambassade. C’était un de ses collègues de l’armée qui était venu apprendre la nouvelle à sa mère. Elle n’était vraiment plus la même après cela, elle avait perdu le peu de contrôle qu’elle avait.


Adolescent, Kale a commencé à voler de ses propres ailes parce qu’il n’avait pas vraiment le choix. Son père n’était plus là, sa mère n’était plus l’adulte responsable qu’elle avait jadis été. Il ne lui en voulait même pas vraiment, elle n’avait jamais fait sa place en Malaisie et son père aurait dû se rendre compte beaucoup plus tôt. Ils auraient dû partir, en Amérique, quelque part où ils pourraient avoir un nouveau départ et où sa mère aurait pu s’épanouir. Bref, il n’était plus un enfant. Il ne croyait pas aux contes de fées et en ce qui le concernait, il avait déjà perdu ses deux parents. Il était un orphelin. Ironiquement, c’est un peu à ce moment-là que sa mère a commencé à disparaître, parfois pour plusieurs jours consécutifs, sans donner de nouvelles. Il se doutait des raisons, mais il ne s’en souciait même plus. Il n’était pas en mesure de sauver sa mère et elle ne voulait pas être sauvée. À l’école, le jeune homme avait su faire sa place, il était populaire et apprécié du corps étudiant tout comme des professeurs. Personne n’était au courant de sa situation familiale et encore moins de ses activités extracurriculaires sauf quelques amis de l’école internationale. Même eux ne savaient pas beaucoup de détails. La seule chose à comprendre, c’est que pour survivre Kale avait commencé à faire certaines choses dont il n’était pas fier initialement. Vol et arnaque, surtout dans les coins plus touristiques. Un visage familier, quelqu’un qui parle impeccablement votre langue, les touristes américains faisaient tout de suite beaucoup plus confiance à l’adolescent que les adultes locaux. L’un des leurs n’abuseraient pas de leur confiance pensaient-ils un peu naïvement. Il avait commencé très petit, en faisant le pickpocket, il s’inspirait de certaines vidéos trouvé sur le net. Mais avec le temps, il avait fait de nouvelles fréquentations et de nouvelles portes s’étaient ouvertes à lui.

Majeur et vacciné, 18 ans d’âge, Kale était un homme très différent de ce que ses parents avaient imaginé pour lui lorsqu’il a fait ses valises pour se rendre en Amérique. Il se sentait libre, pour la première fois depuis toujours il serait en parfait contrôle de son sort. Il ne dépendrait plus d’aucune façon de sa mère qui n’était vraiment pas fiable. La Malaisie lui manquerait, contrairement à ses parents son esprit vierge avait aisément adopté la culture malaisienne lorsqu’il avait finalement été libre d’explorer Kuala Lumpur plutôt que d’être confiner à la communauté américaine. Il avait appris le malais, il s’était de nombreux amis et il aimait réellement cette ville et le style de vie qu’il avait adoptée par nécessité. Mais, il avait trop de souvenirs dans ce pays, il ressentait encore le boulet de sa mère et il avait envie de découvrir d’où venait les siens. C’est une lettre de ses grands-parents, à Seattle, qui lui souhaitait bonne fête qui lui avait donné l’idée.

À partir de là, Kale a vécu quelques mois chez ses grands-parents le temps de se poser et trouver ses repères.  Il avait été honnête avec eux par rapport au fait qu’il n’avait aucune intention d’avoir de relation avec eux au-delà de ça. Ils étaient juste contents de voir leur petit fils en chair et en os, même si lui ne voulait rien d’eux en dehors du logement. Ils lui avaient même proposés de faire des arrangements pour l’envoyer à la fac, à leurs frais, mais Kale même s’il était intelligent et avait eu un parcours sans faute jusque-là dans ses études n’était pas intéressé. Une fois acclimaté, il avait plutôt cherché à tâter le terrain. Il voulait reprendre son business qu’il avait en Malaisie, mais chaque endroit est différent et il y avait un monde de différence entre le milieu de vol et de recel de Malaisie et de Seattle. Il avait pris son temps pour étudier le marché et sa nouvelle maison. Il avait pris un emploi chez un fleuriste en attendant, un ex militaire, Kale avait été introduit par son grand-père, mais c’est en jouant la carte du fils d’un vétéran défunt avec brio qu’il avait scellé le tout. Petit à petit, il s’est redéveloppé un réseau de contacts à Seattle et après deux ans il a véritablement repris les affaires.

La vie avait repris un semblant de normalité, il y avait un confort déroutant à simplement continuer ce qu’il avait toujours connu même si il avait eu les moyens de se sortir de la rue et du milieu de l’illicite. La vérité était que, toute son adolescence c’était la seule chose qu’il avait connu. Il avait forgé son caractère et sa vision du monde dans la rue à essayer de garder la tête au-dessus de l’eau alors que sa mère faisait dieu sait quoi avec dieu sait qui et disparaissait pendant des semaines. Il s’était retrouvé dans un nouvel endroit auquel il devait s’adapter, on lui donnait toutes ces belles options, mais Kale avait naturellement choisi la familiarité, la continuation d’une routine et d’un mode de vie. Il ne connaissait pas Seattle, ni les gens qui y habitaient, alors il avait eu besoin de ça. Cette partie de son ancienne vie en Malaisie à laquelle s’accrochée. Kale n’était pas mauvais, mais il était capable de faire de mauvaises choses et de se les justifier.

L’une de ses mauvaises choses, il en était particulièrement peu fier. C’était une combine dont le concept était fort simple à saisir, mais pour l’exécuté il fallait un certain type de personne. Une personne charismatique avec une touche humaine qui serait en mesure de séduire une personne, maintenir une relation en tout point réelle avec cette personne, puis, après avoir gagné leur confiance et recueillis les informations nécessaires cette personne devait être capable de mettre un terme à la relation et tout attachement qu’il ait pu avoir et dépouiller cette personne de ses biens avant de disparaître. Souvent, Kale l’avait fait avec 2 ou 3 filles en simultanée. Jongler plusieurs relations en même temps tout en paraissant sincère avec chacune n’était pas chose aisée, mais c’était faisable. C’est le jour où Kale a développé un réel attachement à une de ses victimes que sa vie a pris un tournant. Il n’avait pas été en mesure de passer à l’action, il était simplement disparu. Mais voilà, dans toutes ces combines il n’était pas le seul impliqué et la personne qui lui donnait ses victimes et attendait quelque chose en retour n’avait pas apprécié qu’il se défile alors que tous les astres étaient alignés. Il avait été forcé de disparaître durant des mois parce qu’on était après lui.

Aujourd’hui, Kale ne fait plus rien de tout cela. Il n’a tout simplement plus le cœur de le faire, comme je l’avais dit, il faut un certain type de personne pour rester dans le business et il ne l’était tout simplement plus. Les gens changent, après tant d’années Kale était passé à autre chose. Mais on ne l’avait pas simplement laissé faire. Il avait eu à compenser plusieurs personnes pour s’acheter la paix d’esprit. Mais encore là, il n’a toujours pas complètement la paix. Il avait trempé dans trop d’affaires pour ça. On ne parle pas seulement de types louches, mais aussi des forces de l’ordre. Il doit maintenant naviguer à travers un champ de mine, tout en menant une vie honnête. C’est encore quelque chose de nouveau pour lui. Il avait jusque-là vécu une vie sans attachement. Certes, il avait eu des amis, quelques relations, mais il y avait toujours eu des astérisques à côté. Il ne pouvait jamais réellement et complètement se donner à une personne. Il avait gagné sa vie en mentant et en prétendant d’être une personne qu’il n’était pas et ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait mettre à on ou à off comme on voulait. Maintenant, il peut connaître de vraies relations, il peut avoir un emploi stable sans histoire et plus important que tout… il peut être lui-même. C'est un nouveau chapitre.