Pas besoin de cape pour être un super héros + Matthew

Je venais de faire des emplettes au centre commercial. J’avais eu de l’argent pour Noël et certaines grandes enseignes faisaient des remises après les fêtes. C’était le moment d’en profiter. J’avais envoyé un message à mes deux meilleures amies mais elles n’étaient pas là, elles étaient en famille. J’envoyais un message à mes grandes soeurs mais elles étaient bien trop occupées pour passer un peu de temps avec leur petite soeur chérie. C’est pourquoi, me voilà seule à déambuler dans les rues de Seattle. Il commençait à faire nuit, en même temps, le jour tombait bien vite en cette période hivernale. Je tentais un raccourci par une petite ruelle, puis une autre pour pouvoir rentrer chez moi plus vite. Les températures commençaient à chuter très vite et je n’avais qu’une hâte : rentrer chez moi, prendre une bonne douche et me mettre sous un plaid devant une série. En plus de ça, je n’étais pas très rassurée à trainer dans les rues avec cette nuit tombante. Je faisais un énième détour par une ruelle et tandis que je m’aventurais à l’intérieur, je vis une bande de jeunes discuter et rigoler ensemble. Je tentais de faire comme si je ne les avais pas vu et je traçais mon chemin. Au lieu de ça, ils me sifflèrent, me balancèrent des compliments mais qui ne me faisaient pas spécialement plaisir. Je fis mine de pas entendre et j’accélérais le pas. L’un deux s’approcha de moi et me prit le bras. J’enlevais son emprise en tirant mon bras. Lâchez moi. Mais ce fut le début du calvaire… Il me reprit le bras et il commença à me caresser la joue. Je me mis à crier mais il plaqua sa main contre ma bouche pour me faire taire. Il me poussa jusqu’au mur ou mon dos ainsi que ma tête tapa sur la brique. Les larmes coulèrent toutes seules. Je ne savais pas comment me sortir de là. Il faisait sombre, ils étaient quatre, bien trop nombreux pour moi et mes pauvres petits muscles. Je ne pouvais pas atteindre mon téléphone qui se trouvait dans mon sac à main, au milieu de la ruelle. Je l’avais lâché lorsqu’il m’avait poussé. Les autres monstres s’approchèrent de moi et commencèrent à me faire des caresses sur les bras, à contempler mes formes… Je ne pouvais pas tenir plus longtemps et pourtant, l’enfer ne faisait que commencer…

Matthew Halliwell faisait partie de ces personnes qui sortaient principalement en début de soirée. Evidemment, comme tout le monde, il sortait aussi de chez lui la journée mais pour diverses raisons, il préférait sortir la nuit. C’était plus calme d’une part, mais surtout cela lui permettait de faire marcher son petit business. Travailler dans l’illégalité la plus totale était bien plus pratique de nuit. Cela évitait les regards des curieux. Et puis soyons francs, faire du trafic en plein jour sous le nez de Monsieur et Madame tout le monde, c’était moyen. Depuis le temps que Matt trempait dans les affaires louches, il avait su se montrer invisible. Personne ne le remarquait. Personne ne le soupçonnait. Ce soir encore, il avait fait des affaires. Il avait rencontré l’un de ses clients pour lui fournir sa dose. Capuche noire sur la tête, mains glissées dans les poches, argent rangé en sécurité sur lui, il marchait à travers les ruelles de la ville de Seattle pour rentrer chez lui après cette soirée plutôt lucrative.

Tout en marchant, il réfléchissait déjà à ce qu’il allait faire du reste de sa soirée. Avait-il envie de sortir boire un verre ? Allait-il rester chez lui et se poser devant la télé ? Surtout que sa petite sœur était sortie, elle ne l’attendait pas à la maison. Il avait un peu de mal à la laisser sortir d’ailleurs. La benjamine de la famille était fragile, dans tous les sens du terme. Chaque fois qu’elle devait sortir, il avait son téléphone greffé à la main au cas où elle l’appellerait au secours. Ce soir, dans sa poche, il le tenait fermement. Elle ne sortait pas si souvent que ça, mais à chaque fois, il ne pouvait s’empêcher d’angoisser un minimum pour sa sécurité. Il était le mieux placé pour savoir que l’extérieur n’était pas sûr. Il connaissait chacune de ses amies et il avait même leur numéro, au cas où. Mieux valait être trop prévoyant. Une voix s’éleva dans le silence de la nuit. Une voix féminine. Et jeune. Il se stoppa immédiatement. En pensant trop à sa petite sœur, il eut l’impression de l’entendre.

Le cri étouffé suivant mit fin à toutes ses hésitations. Il s’élança en direction de la jeune fille qui avait crié. Son sang ne fit qu’un tour quand il tomba sur une bande de jeunes en train d’emmerder une adolescente. Etait-ce sa petite sœur ? Dans l’obscurité, il eut du mal à s’en rendre compte. Matthew ne réfléchissait plus à rien, il n’eut aucun mal à imaginer la prunelle de ses yeux aux mains de ces connards. Sans une once d’hésitation, la colère le submergeant tout entier, il s’élança vers le groupe et donna un violent coup de pied dans le genou de l’un des agresseurs. Sans surprise, celui-ci s’écroula au sol dans un cri de douleur. Profitant de la surprise des trois autres, il en attrapa un second par les épaules pour lui encastrer la tête contre le mur. Deux contre un. « A qui le tour bande de fils de pute ? » Insulte plutôt ironique quand on connaissait sa propre histoire familiale. Matthew sortit un couteau papillon de la poche arrière de son jean qu’il déploya avec adresse. La mine sombre, la capuche sur la tête et le couteau à la main, Matt avait quelque chose d’effrayant. Son regard ne laissait aucunement place au doute, il n’avait peur de rien et il était capable de les planter si besoin. Il n’en était pas à son premier coup d’essai. Quand on avait grandi dans la rue, tout était envisageable. « Je devrais vous crever sur place pour avoir osé poser vos sales pattes sur ma sœur. » Lâcha-t-il froidement, la mâchoire serrée. Il n’avait toujours pas jeté un œil à la jeune fille. Peut-être s’agissait-il réellement de sa petite sœur.

Il ne fallut pas longtemps pour que les deux guignols restants prennent leurs jambes à leur cou. Les deux autres se relevèrent tant bien que mal pour déguerpir à leur tour sous le regard incendiaire du jeune dealer. Toute menace écartée, il rangea son couteau dans sa poche et porta enfin son attention sur la demoiselle. Elle n’était pas Mack. Un léger soulagement se fit sentir malgré tout. « Ça va aller ? » Il retira sa capuche pour lui permettre de voir un peu mieux le visage de son sauveur. « Comment tu t’appelles ? »

L’enfer se trouvait juste devant moi. Je voyais déjà le pire arriver. Ces mecs allaient me frapper jusqu’à que je sois docile pour qu’ils m’extirpent mes vêtements et qu’ils puissent me violer un par un. J’en avais des frissons rien que d’y penser. La main puante d’un de mes agresseurs me coupa presque la respiration. Je tentais de respirer du mieux que je pouvais tandis que mes larmes ne cessaient de couler, encore et encore. Je suppliais le bon Dieu - s’il existait - pour qu’il me laisse partir ou bien qu’un policier passe par là ou même un simple passant pour qu’il leur fasse peur. Mais ça devait être des prières en l’air. Il faisait sombre dans cette ruelle et elle n’était pas très fréquentée. Ces quatre pauvres types avaient bien calculé leur coup à ce moment là. Alors qu’un des agresseurs commençait à me toucher la poitrine en dessous de mon tee shirt, un homme à capuche débarqua et se mit à frapper mes agresseurs les uns après les autres. Tout allait si vite pour moi que je ne compris pas vraiment qui c’était. Mes prières furent exaucées. Il y avait peut être vraiment un bon Dieu… Mon héros me qualifia de « soeur », je murmurais un faible Alexander ? Personne ne pouvait m’entendre. Ca ne pouvait pas être mon grand frère. Malheureusement, il ne savait pas aussi bien se battre que lui. De plus, je ne reconnus pas du tout sa voix. Je le laissais faire tandis que je m’écroulais au sol, tétanisée de la tête au pied par ce qu’il venait de se passer. Mon sauveur sortit une arme et d’un coup, les quatre agresseurs prirent leurs jambes à leur cou pour déguerpir le plus vite possible. Je poussais un soupir de soulagement. Le calvaire venait d’être terminé grâce à ce Monsieur à capuche. Je me relevais tant bien que mal, m’aidant du mur. Je tentais de dissimuler mes larmes sur ma joue mais je devais être horrible à voir avec mon maquillage qui avait dû couler.

Mon héros s’approcha de moi et me demanda comment j’allais. Tout en sanglotant et en essayant de retrouver une respiration normale et non saccadée, j’essayais de lui répondre. Ou.. Oui ! Merci-ci beaucoup ! Je ne préfère même pas imaginer ce qui se serait passé si tu n’avais pas été là. Les larmes me montaient aux yeux à nouveau mais il n’y avait plus lieu d’être. J’étais sauvée maintenant, je ne risquais plus rien avec cet homme, enfin, je l’espérais ! Judith, et toi ? J’osais relever la tête pour le regarder droit dans les yeux, découvrir réellement l’identité de ce héros qui ne portait pas de cape. Si je pouvais, je le prendrais dans mes bras mais j’étais complètement bloquée de partout, pétrifiée. Comment t’as fait pour être là ? Je me posais réellement la question. La ruelle était sombre et si tu ne l’empruntais pas, tu ne pouvais pas savoir qu’il y avait quatre agresseur autour d’une pauvre fille comme moi.

Quand on avait grandi livré à soi-même, vagabondant dans les rues dès son plus jeune âge et en quête du moindre argent facile pour subvenir aux besoins de sa famille, on savait se débrouiller pour survivre dans n’importe quelle situation. La vie de Matthew Halliwell n’avait rien d’un conte de fée. Loin de là. Il s’en était souvent pris plein la gueule et avec le temps, il avait appris à rendre les coups, voire même à les donner le premier. La vie dans la rue, c’était la loi de la jungle. La loi du plus fort. Quatre contre un, ça ne lui faisait pas peur. Il avait connu pire. Alors ce fut sans grande difficulté qu’il chassa les quatre pauvres types qui s’en étaient pris à une jeune fille sans défense. Non pas qu’il était du genre à défendre la veuve et l’orphelin. Il n’était pas Robin des bois. Cependant, en voyant cette fille à la merci de quatre mecs, il s’était imaginé aussitôt qu’il pouvait bien s’agir de sa sœur. Sa plus jeune sœur, la prunelle de ses yeux. Ce n’était pas elle, certes, pourtant il était intervenu quand même. Même le pire scélérat n’avait pas le droit de s’en prendre à une femme. Matthew était peut-être un moins de rien, un fils de prostitué mais il avait des principes.

Toute menace étant écartée, il s’approcha de la demoiselle pour s’assurer qu’elle allait bien. Elle semblait terrifiée, mais elle avait évité le pire. Grâce à Matt. « Tu aurais passé un très mauvais quart d’heure. » Ce n’était pas difficile à deviner. Sans lui… Elle aurait vécu l’expérience la plus traumatisante de sa vie, à n’en pas douter. « Mais c’est fini maintenant. » Matthew tâtonna ses poches pour y chercher un potentiel paquet de mouchoirs ou quelque chose pour essuyer ses larmes mais il n’avait rien de ce genre sur lui. Dommage. « Appelle-moi Matt. » Il donnait rarement son nom entier. Matthew c’était trop long. Matt c’était plus rapide, plus facile à retenir. Et en réalité à part de rares exceptions, peu de personnes l’appelaient par son vrai prénom. C’était toujours Matt. Judith lui demanda comment il s’était retrouvé dans cette ruelle lui aussi. Il est vrai qu’elle était assez peu fréquentée et plutôt sombre. Matt haussa les épaules. « Je passais par là. J’ai l’habitude de prendre des raccourcis pour rentrer chez moi. Je connais la ville par cœur. » Forcément, il connaissait chaque rue et ruelle de cette ville pour y avoir passé la majorité de son temps. Il jeta un œil autour de lui et repéra le sac de la jeune fille. Il le récupéra et lui tendit. « C’est à toi je suppose. » Evidemment. Il ne pouvait pas être à l’un de ses agresseurs. « Est-ce que tu veux que je te raccompagne chez toi ? » C’était la meilleure option. « Ou peut-être que tu veux t’arranger un peu pour ne pas inquiéter ta famille ? » Elle avait la tête de la fille terrorisée à qui il était arrivé un drame. Normal en soit. « J’ai une sœur d’à peu près le même âge que toi, peut-être qu’elle pourra… J’sais pas, te débarbouiller ? » Mack saura s’occuper d’elle, elle était même douée pour trouver les bons mots pour réconforter quelqu’un, contrairement à Matt qui pataugeait souvent dans la semoule dans ce genre de moment. « D’ailleurs, je t’ai prise pour elle au départ. C’est pour ça que j’ai dit que tu étais ma sœur. Ça aurait pu. »

Heureusement que ce jeune homme avait été là pour me sortir des griffes de ces quatre malfaiteurs. Je ne préférais même pas imaginer ce qui aurait pu m’arriver s’il n’avait pas été là. J’avais du mal à me remettre de ce choc émotionnel, je sanglotais, les larmes me coulaient toutes seules sur les joues. Il fallait que je me reprenne, j’étais en sécurité maintenant, grâce à lui. Le jeune homme me rassura en me disant que c’était fini maintenant. Oui… merci encore… Certes, j’allais faire des cauchemars ou j’allais sursauter dès que j’entendrais un bruit derrière moi mais au moins, il m’avait évité une agression dont je ne me serais jamais remise. Il se présenta. Matt. Je hochais simplement la tête en m’essuyant les joues pleines de larmes. Je devais être affreuse à voir. Je lui demandais tout de même comment ça se faisait qu’il était passé par ici. Après tout, la ruelle était très étroite, sombre… je l’avais empruntée pour prendre un raccourci mais c’était assez inhabituel. Il m’avoua qu’il connaissait la ville par coeur et qu’il empruntait toujours des raccourcis. Oh… quelle chance pour moi ! Dans mon malheur, j’avais eu de la chance de tomber sur lui, qu’il emprunte CE raccourci là, à CE moment là. J’eus un dernier gros sanglot et je repris une grosse inspiration pour expirer tout autant. Il fallait vraiment que je me reprenne. Je ne pouvais pas rentrer comme ça chez moi sans inquiéter mon père et ma belle mère. Matt me ramassa mon sac. Oui, merci. Je le pris et le mis sur mon épaule. Il était temps pour moi de rentrer. Je ne souhaitais pas m’éterniser dix ans dans ce trou à rat où j’avais failli passer un sale quart d’heure. Matt me proposa de me ramener ou bien de faire une halte par chez lui pour me rafraichir. Je devais avoir une mine affreuse, les cheveux en bataille, des vêtements abimés, des yeux bouffis… Oui, mes parents verraient qu’il y aura eu quelque chose sauf que je comptais bien garder cette histoire pour moi. Je ne voulais pas les inquiéter et je ne voulais surtout pas aller à la police. Je veux bien aller voir ta soeur alors… je ne veux pas que mes parents sachent… pour ce soir. Matt n’avait pas l’air d’être quelqu’un qui juge et il m’avait de suite mis à l’aise. Le fait de m’avoir sauvée devait sûrement aider aussi. Il m’avoua alors qu’il m’avait prise pour sa soeur tout à l’heure. Oui, ça aurait pu et j’espère pour elle qu’elle n’aura jamais à vivre ça. Le sac sur l’épaule, une dernière grande inspiration et je suivais mon héros du jour. Je ne le remercierai jamais assez pour m’avoir sorti des griffes de ces agresseurs qui m’avaient vu comme un bout de viande. Merci encore, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans toi… Dieu doit vraiment exister pour avoir entendu mes prières. Et pourtant, je n’étais pas pratiquante du tout. Je croyais en cette puissance mais jamais je n’aurais pensé que mes prières auraient été entendues.