SAINT-VALENTIN | Hen night [Eliza &. Isis]

Elle n'était pas vraiment venue pour trouver ''l'amour sa vie''. Eliza était assez consciente que ce genre d'événement ne servait qu'à faire venir les gens, consommer (de l'humain, comme de la boisson) et dépenser (du temps, mais surtout de l'argent). Elle savait qu'elle ne trouverait pas l'amour de sa vie ici (peut-être, aussi, parce qu'elle n'avait aucune envie de trouver un quelconque amour, ici ou dans tout Seattle). Mais elle avait toujours été quelqu'un d'impulsif, aimant la nouveauté et l'amusement. Elle ne connaissait que trop peu de monde encore à Seattle et elle avait perdu contact avec tous. Et aussi réfractaire qu'elle pouvait l'être à l'engagement, elle aimait s'entourer et faire de nouvelles rencontre.

Alors, voilà, elle se trouvait à une table d'un speed dating... et elle ne s'était jamais autant ennuyé de sa vie. Entre les types trop amoureux de leurs biscoteaux et les vierges à peine sortis des jupons de leur vieille maman, elle n'avait clairement pas moyen de trouver qui que ce soit ce soir à revoir après ça. Pour un plan cul ou pour une amitié, éphémère ou durable. Rien. Pas même un iota d'intérêt.

Alors à la pause, Eliza enfila son manteau, prête à quitter l'endroit. C' était sans compter sur un type qui lui attrapa le coude, lui disant qu'il était triste de n'avoir eu que si peu de temps avec elle. Il lui fallu un moment pour le remettre. Elle se souvenait. Elle avait baillé plusieurs fois. Et il détestait la cigarette. « Excuse-moi, je dois aller fumer ! » Elle s'empressa de sortir et se fondit parmi les fumeurs. Elle n'avait pas l'intention de cloper, bien sûr. Elle n'était qu'une fumeuse occasionnelle de soirée. Elle taxait les gens qu'elle fréquentait et qui fumait et n'avait jamais le moindre paquet sur elle. Elle voulait juste échapper au garçon. Rapidement, cependant, elle s'éloigna un peu du groupe. Deux autres garçons avaient déjà les yeux sur elle et elle n'avait pas envie d'avoir à retrouver une excuse bidon. Non. Elle allait rester dehors, se tenir un peu à l'écart du groupe et quand tout le monde rentrerait, elle partirait...

Mais c'était sans compter sur une femme qui l'interpella. Elle allait soupirer, mais la jeune femme lui posa une question qui la fit se stopper. Elle se tourna vers la jeune femme et roula des yeux avec un sourire. « Oh merci ! Je ne suis pas la seule ! » Elle se redressa pour faire face à la jeune femme. « Entre les sportifs gonflés aux prot' et les nerds à maman, j'avoue que je suis à deux doigts de m'enfuir. Je me demandais si c'était pas moi le problème. »

Qu'est-ce qu'elle foutait là ? C'était vraiment la question qu'elle ne cessait de se poser depuis plus d'une heure maintenant. Elle avait fini par complètement oublier ce qui l'avait poussé à faire cette folie en premier lieu. Une vraie action digne d'Eliza. Elle était comme ça, la brune. Elle avait tendance à agir sur des coups de tête et si parfois cela se terminait bien, la plupart du temps, elle finissait par se demander dans quel pétrin elle s'était fourré. Parfois à tort aussi, parfois à raison. L'ennui profond n'était pas les seules choses qu'elle avait attirée en agissant ainsi.

« Je ne sais même plus pourquoi je suis venue ici en premier lieu », avoua Eliza en haussant les épaules. « Probablement un moment d'ennui mortel. J'ai dû voir la pub pour cet événement et je me suis dit ''pourquoi pas ! J'ai rien à perdre » Elle avait presque envie de rire, maintenant. Rien à perdre ? Si ! Son temps et sa patience. Et visiblement, la brune avait perdu les deux depuis plusieurs minutes déjà. À la question que lui posait la jeune femme, elle n'avait pas besoin de lui retourner la question. La brune avait dû sensiblement avoir la même idée saugrenue ou été traînée ici de force par quelqu'un d'autre, parce qu'elle n'avait pas l'air plus à sa place et avait clairement exprimé à quel point tout cela lui semblait ridicule.

Regardant brièvement autour d'elles, Eliza vit que personne ne s'intéressait à elles, aussi, elle se redressa et posa de nouveau ses yeux sur la jeune femme. « Ça vous dit qu'on se tire ? J'ai vu un bar à l'ambiance bien plus sympa et sans speed dating sur la route, à deux trois rues. Si on part maintenant, personne va le remarquer et quand ils le feront, ça sera trop tard. » Elle disait ça dans le cas où la brune était venue accompagnée de copines déterminées à rester. Elles pouvaient encore s'enfuir sous le nez de tout le monde. Le fait qu'elles ne se soient pas encore présenté l'une à l'autre étant un plus aux yeux d'Eliza. Si la brune décidait de rester, elle ne saurait pas dire comment s'appelait celle qui manquait à l'appel.