C’est le cinq juillet mille-neuf-cent-quatre-vingt-dix-sept qu’est née Maiara Bell. Dès que l’heureuse nouvelle fut annoncée, toute sa grande famille accourut à l’hôpital d’Atlanta pour admirer la nouvelle venue, première enfant tant attendue de Donna et John Bell. On déclara qu’elle était « aussi jolie que sa mère », puis « aussi intelligente que son père ». On ajouta qu’elle serait forte et courageuse puis, enfin, les nombreux convives jugèrent ensemble qu’elle était parfaite. Ou presque.
C’est dans cette ambiance que la petite grandît. Entourée d’amour, de compliments et de regards admiratifs. Elle était au centre de l’attention et cela lui plaisait bien.
Ses parents, sous le charme de cette enfant merveilleuse qui était la leur, n’avaient à présent qu’un seul but : la rendre heureuse. Et pour cela, rien n’était de trop. Ils la gâtaient en permanence, accomplissaient tous ses désirs, lui passaient tous ses caprices.
Evidemment, ils ne se rendaient pas compte que la fillette était devenue détestable et imbue d’elle-même. Non. Ils étaient aveuglés par l’amour.
Le caractère de Maia se dégradait encore, lorsque son père lui annonça une grande nouvelle. C’était une surprise, disait-il. Et ça allait beaucoup lui plaire.
Il l’emmena à la maternité, la même que celle où elle avait vu le jour, presque six ans auparavant. Ils y retrouvèrent sa mère, qui semblait épuisée comme après un effort intense.
Tout d’abord, Maiara ne comprît pas. Puis, son père la porta au-dessus de la couveuse où reposait un bébé. Son petit frère.
Elle aurait certainement dû être contente de ne plus être fille unique, mais c’était sans compter les désagréments que cela comportait. À présent, il n’y avait plus qu’Elijah qui comptait aux yeux de tous. Une fois, elle s’était même écorché le genoux sans que personne ne remarque rien ! C’est à ce moment-là qu’elle avait décidé de ne plus parler à personne.
Evidemment, elle n’avait pas tenu sa promesse deux jours et s’était vite rapprochée de son frère. Puis elle avait grandi. Elle avait commencé le violon et perdu sa première dent. Puis elle avait grandi. Elle avait arrêté le violon, par manque d’envie. Et grandit.
C’est lors de sa treizième année qu’elle avait rencontré son premier amoureux. Il s’appelait Jamie et il était brun. Comme elle.
C’était lui qui avait fait le premier pas. Il était venu vers elle, à la cantine et lui avait déclaré sa flamme, un genou sur le sol. Une fois le moment de forte honte passée, elle s’était rendue compte qu’il lui plaisait beaucoup et avait accepté sa demande.
Ils étaient resté trois mois ensemble. Parfois, il l’emmenait au cinéma, ou bien derrière les arbres pour lui donner un petit baiser. Et même si ces petits moments paraissaient futiles, elle s’était beaucoup attaché à lui. Elle s’imaginait même que c’était le Bon, celui avec qui elle passerait le reste de sa vie.
Ainsi fût-elle terriblement déçue lorsqu’il lui avoua que, à cause des quelques boutons qui perlaient sur son nez, elle était devenue laide et que par conséquent, il ne pouvait plus passer du temps avec elle. Suite à cette révélation, elle s’enferma dans sa chambre durant de longues heures, les écouteurs vissés sur ses oreilles, la main dans le pot de glace au chocolat, en se jurant qu plus jamais elle ne ferait confiance à un homme.
Puis, elle grandit, eu d’autres expériences avec des garçons comme des filles, d’autres chagrins d’amour.
Aujourd’hui, elle pourrait se définir comme heureuse. Elle a déménagé loin de ses parents et de son frère, à Seattle pour ses études. Ce dernier lui manque, mais elle elle garde contact en lui racontant ses journées par sms, tandis qu’il fait de même de son côté. Elle s’entend bien avec ses colocataires et est en bonne voie d’obtenir son diplôme. Non, vraiment, tout va bien.