Pourquoi t'as mangé ton bébé ? (Alexander)

7e mois de grossesse. Tout va pour le mieux désormais, la routine s'est installée, bébé est bien à l'aise dans mon ventre, je fais mes exercices de futures mamans tantôt avec mon père, tantôt avec Darcy. Arrivée dans la boutique de musique, je discute avec un des vendeurs que je connais, puisque je travaille aussi pour eux sur leur site internet. Je suis assez contente puisque ça me fait un petit revenu, papa m'aide déjà beaucoup pour l'appartement et bébé, mais j'aimerais pouvoir trouver un travail dans la musique, autre que le community managing. Peut-être être professeur, soit en cours, soit particulier, j'ai les diplômes pour enseigner, ainsi que les compétences. C'est donc de ça que je discute avec le vendeur.

Ce dernier me propose de jouer du violon, en ce moment, enfin depuis plusieurs mois, je suis récalcitrante par rapport à cet instrument, trop de mauvais souvenirs. Mais il finit par me convaincre « ouais ... ça fait 4 mois que j'ai pas touché à mon violon tu sais » fis je en souriant, gênée. « et ça ne te manques pas ? Sérieusement Mathou', je comprends que ça puisse te rappeler ton abruti d'ex, mais quand même, ça te rappelle pas que lui, on est d'accord ? » me dit il. Je réfléchis un instant, le violon dans les mains, finis par faire une moue et hausse une épaule « bon d'accord ... tu as raison ... et vos violoncelles commencent à être trop lourds pour moi » balance je en riant, me moquant de ma mauvaise foi.

C'est donc sans gêne que je dispose le violon sur mon épaule et commence à jouer sur les cordes. D'abord doucement, puis, je me laisse entraîner par la mélodie, qui est à la fois douce et entraînante, quelque chose que l'on pourrait écouter dans la voiture, en chantonnant. Je souris, jouant avec mes doigts, appréciant le son, appréciant les mouvements, c'est agréable de jouer de cet instrument. Mon vieil ami qui m'a tant manqué ... enfin, même si le violon actuel est tout neuf et a été réalisé il y a peu par un artisan local. Comme quoi, il n'y a rien de mieux que du fait main.

Une fois les quelques notes terminées, je pose le violon dans son étui, avec un sourire aux lèvres. Le vendeur me regarde, impatient « Oui bon d'accord ça m'avait manqué ! » lâche je tandis que nous ayons un fou rire ensemble. Il a réussi à m'faire jouer, alors qu'avant, je n'en ressentais ni le goût ni l'envie. Je souris, heureuse « j'te remercie ... en tout cas la qualité du bois est magnifique, et la couleur toute blanche ... vraiment j'adore » dis je. Il me montre ensuite, sur l'écran de son ordinateur, d'autres exemples de violon que son contact réalise. Il y en a des pas mal et j'ai limite envie d'en avoir un rien qu'à moi, personnalisé selon mes goûts.

Je finis par m'enlever du comptoir, laissant les quelques rares clients commander leur instrument, tout en faisant un tour des lieux. C'est alors qu'une petite fille me regarde bizarrement. Je lui souris, interloquée « bonjour » la salue je en souriant

La journée était agréable, ensoleillée, légèrement venteuse mais pas trop et surtout on était samedi ce qui signifiait que j’allais pouvoir profiter de ma petite princesse toute la journée. Être avec Jade était un bonheur que je ne pouvais qu’entrevoir la semaine. En effet, je n’étais avec elle que quelques instants avant de l’emmener à l’école et de me rendre au boulot et le soir, il fallait coucher la petite tout de suite après le repas, ce qui ne nous laissait pas assez de temps ensemble. Bon il faut dire que j’étais d’avis de penser que l’on ne passe jamais assez de temps avec ceux qui qu’on aime et que c’est lorsqu’ils sont partis, lorsqu’ils nous ont quittés qu’on regrette de ne pas avoir profiter de chaque seconde, de chaque moment à leur côté. Cet état d’esprit ne me quittait pas depuis la mort de Sarah, ma femme et l’amour de ma vie qui était aussi la mère de cette petite créature qui courait dans l’allée du garage en direction de la voiture, pressée de faire les magasins. Le sourire qui ne me quittait pas depuis ce matin s’étendu en la voyant grimper dans son siège auto et commencer à l’attacher alors que je n’avais même pas encore fermé la maison à clé. Une fois son rehausseur ajusté et bien attaché, je me mis au volant et démarra en direction des rues commerçantes de Seattle. La ville en regorgeait mais je sais où Jade voulait aller en premier et je ne louperais cette étape pour rien au monde. Le magasin de musique préféré de sa mère. Arrivés à bon port, je garais ma voiture dans le parking réservé à la clientèle et en descendit. Après avoir libéré mon petit fauve, je me dirigeais, main dans la main avec elle dans le magasin. Une fois à l’intérieur, je laissais Jade déambuler entre les rayons, elle ne risquait rien tant que je pouvais la voir et les rayonnages bas me permettait de faire cela. De mon côté, je me dirigeais vers les DVDs, ayant récemment acheté un home-cinéma, je voulais en profiter un petit peu en m’achetant quelques films. Soudain, une musique se fit entendre, une musique pure et envoutante. Je levais les yeux vers la provenance et découvrit une jeune femme qui jouait du violon avec un talent certain. Je souris, laissant la mélodie s’emparer de mon cerveau et de mon cœur, me plongeant dans cet air doux. Mon regard fut cependant vite attiré par une petite tête blonde, tout aussi subjuguée par la jeune violoniste. Je me dirigeais vers le duo et alors que je fus assez proche, j’entendis ma fille prononcer une question plus qu’embarrassante mais normale pour une petite fille de 4 ans. Pourquoi t’as mangé ton bébé ? J’ouvrais de grand yeux et rejoignis rapidement la fillette et la jeune musicienne. Je m’adressais à cette dernière. Excusez la, elle ne sait pas trop ce qu’elle dit… Je me penchais vers ma fille. Jade, la dame n’a pas mangé son bébé, il n’est pas encore né… Tu vois, ta maman était comme ça avant que tu ne viennes au monde. Je souris à ma fille qui hochais la tête, semblant comprendre mais aucune certitude là-dessus, elle avait probablement juste eu peur de me voir surgir d’un coup. Je me relevais et souris à la jeune femme. Encore une fois désolé… La joie d’être parent, devoir s’excuser pour les bêtises de ses enfants ou en l’occurrence pour leur innocente ignorance…

La petite me regardait, elle avait l'air perplexe, puisqu'elle regardait autant mon ventre que mon visage et sa question, si spontanée, me fait exploser de rire. Je mets ensuite ma main sur ma bouche et calma mon fou rire, mon Dieu qu'elle est adorable cette enfant !! Son père arriva aussitôt et s'excusa, visiblement gêné de la situation. Il expliqua à sa fille pourquoi j'étais enceinte, enfin, il essaya de faire en sorte que la petite comprenne et s'excuse encore une fois « Oh non ne vous excusez pas, elle est tellement adorable » fis je en craquant pour cette bouille tellement mignonne « C'est normal qu'elle pose ce genre de question, c'est de son âge » lui dis je en souriant. Le vendeur arriva derrière moi et « Non mais tu peux l'dire que t'as mangé ton gosse ! » lâcha-t-il en se marrant, heureux d'avoir fichu son bazar, tandis que je lui donne une tape sur le bras en pouffant de rire « Alex tu es horrible ! Ne l'écoutes pas, il aime dire des bêtises, ton papa a raison » fis je à la pauvre enfant qui semble n'avoir rien compris maintenant. Je soupire, qu'il m'énerve ce vendeur ! Mais qu'il m'énerve ! Je prends ensuite une chaise pour m'installer et regarde la petite en touchant mon ventre « Comme disait ton papa, avant que tu naisses ... mmmh comment dire ça sans que ce soit compliqué à comprendre ... » je me mords la lèvre, fronce les sourcils et réfléchis. Bonté divine, dire que je vais devoir expliquer la même chose à mon enfant quand il aura son âge. « Alors ... tu vois les plantes ? Et bien, ton papa et ta maman créé ensemble une graine spéciale. elle est si spéciale, que seule la maman peut la prendre dans son ventre pour qu'elle puisse grandir en toute sécurité. Et ça, ce ne sont que des mamans et des papas qui peuvent le faire, en y rajoutant une bonne dose d'amour » lui explique je. C'est simple. Trop simple, car souvent, c'est beaucoup plus compliqué qu'il n'y parait. Comme le père d'un enfant qui est en réalité une ordure et qu'on ne souhaite pas avoir dans sa vie. « Et pour te prouver que mon bébé est vivant, tu peux même venir le toucher. Enfin, si tu le veux et si papa te l'autorise » lui dis je en regardant le père avec un sourire bienveillant. Elle est tellement choupy, j'espère que mon enfant sera aussi adorable. J'ai peur qu'il ne devienne comme son père