Nouvelle-Orléans ; 18 Juin 1991 ; 00h18 « Tu verras on sera heureuse toutes les deux… » Milana déposa un baiser sur le front de l’enfant qu’elle venait de mettre au monde. Elle n’arrivait à détacher les yeux de ce petit être, sa merveille, sa princesse… Tomber enceinte n’avait jamais fait partie du cycle de sa vie, elle n’avait jamais pensé pouvoir vivre cette incroyable expérience, et pourtant Ivy était là. Comme beaucoup de jeune fille de son pays, on lui avait promis monts et merveilles dans le pays de toutes les opportunités, et comme beaucoup de ses compatriotes, elle avait fini sur le trottoir à vendre ses charmes à qui le voudrait. Elle était plutôt douée dans ce qu’elle faisait, aussi lorsque l’on découvrit qu’elle était enceinte, elle se retrouva à l’hôpital après avoir été passée à tabac, mais le destin voulu qu’elle ne perdit pas l’enfant qu’elle portait et elle trouva même une sorte de… Marraine comme elle aimait à se présenter, elle récupéra Milana et la ramena dans la maison close qu’elle tenait… Enfin son «
club privé » comme elle le disait, du moins officiellement. Cette femme marqua à jamais sa vie et pour la première fois depuis qu’elle était sur le sol américain elle avait trouvé sa place, au milieu de ces filles parlant différentes langues, venant de contrées diverses, mais qui se protégeaient entre elles. Il y en avait toujours une pour aider, accompagner, toujours une ambiance joviale et musicale, et surtout un salaire qui leur permettait de rêver à une vie autre que celle-là si elles le décidaient. Milana essuya la larme coulant le long de sa joue, elle n’avait pas peur, elle n’avait jamais été aussi confiante qu’en ce jour. Elle se fit une seule et unique promesse, celle d’offrir le bonheur à sa fille.
Les quelques minutes de répits furent bientôt interrompues par le défilé de ses collègues, non de ses amies, de sa famille, venant saluer la nouvelle venue.
« Son deuxième prénom est Kallista… » Sûrement dû à la surprise, le sourire qui vint illuminer le visage de leur marraine fut le plus sincère de son existence, et ce fut ce moment précis où elles commencèrent à l’appeler
« Mamma » car c’est ce que cette femme représentait, leur mère en quelque sorte… Elle s’occupait d’elles, les défendaient et leur offrait un brin de liberté, sans oublier un foyer, leur foyer…
Nouvelle-Orléans ; 02 Mai 1996 ; 14h21 « Prenez soin de vous, et surtout venez nous voir ! » L’heure du départ venait de sonner pour Ivy et sa mère, elles allaient quitter la Louisane, quitter leur famille… Cinq ans que Ivy était devenue la mascotte, elle observait de son œil enfantin ses
« tantes » s’activer avant l’ouverture, se maquiller, rire, échanger des impressions qu’elle ne comprenait pas, changer de tenue et recommencer le lendemain, toujours avec cette jovialité et cette unicité. Lorsque sa mère travaillait il y avait toujours quelqu’un pour s’occuper d’elle, dont la propriétaire des lieux qu’elle appelait
« Babulya » soit grand-mère en russe. Avec ses grands yeux bleus, elle avait réussi à baisser les défenses de cette redoutable femme d’affaire. L’avantage de son jeune âge c’est qu’elle ne saisissait pas le sens des insultes, des messes-basses lorsqu’elle passait avec sa mère et ses tantes. Elle sentait que ce n’était pas cordial, mais elle les avait toujours vu la tête droite, un sens de la répartie aiguisé toujours ponctué d’un magnifique sourire, lui offrant un spectacle divertissant. Chacun de ses anniversaires était un réel événement, si bien qu’elle avait véritablement l’impression d’être la petite princesse des lieux, sans le côté pourri gâté ! Sa mère la faisait toujours passer avant tout, qu’importe si elle devait travailler plus, si elle devait sacrifier ses propres besoins… Mais en ce jour, leurs vies prenaient un autre tournant, avec l’appui de tout le monde, sa mère avait pu passer son diplôme d’infirmière et elle venait de trouver un poste à Seattle grâce à quelques connaissances de « Mamma ». Pas exactement la porte à côté, mais pas le bout du monde pour autant, juste 4h27 d’avion, mais une promesse, celle de rester une famille, sa famille maternelle…
C’est juste avant de monter dans le taxi qu’on lui remit un cadeau qu’elle porte encore aujourd’hui, un pendentif en forme de lys avec de légers points de couleurs différentes, chaque couleur représentant une personne de sa famille, son bien le plus précieux.
Seattle ; 06 Juillet 1997 ; 16h48« Vous pouvez embrasser la mariée… » Bien sagement assise à côté de sa Babulya elle n’arrivait pas à détacher ses yeux de sa mère elle la trouvait magnifique, rayonnante, luminescente, le symbole même de la beauté qui tranchait ostensiblement avec les mines mornes et sourires contrits du côté de la famille de Monsieur Alaric Adler… Cela faisait un peu plus d’un an qu’elles étaient arrivées à Seattle, et rien n’aurait laissé présager que sa mère se tiendrait devant le Maire à se marier. Ah bah c’est sûr que personne du côté de la famille Adler ne l’avait vu arriver ! Une famille respectée et implantée aux Etats-Unis depuis des générations, un fils qui avait su se faire une fortune par son propre travail, des amis au Country Club, bref le cliché ultime des nouveaux dandys américains. Alors quand le détective privé était venu rapporter que Mademoiselle Petrova était une ancienne prostituée, s’ajoutant à ça que le père de Ivy était inconnu et qu’elle était russe… Il y en a qui ont frôlé l’arrêt cardiaque ! Mais pourtant il l’avait épousé et comme Milana l’avait dit
« Ne vous forcez surtout pas à venir ! ».
22h18« Tu sais où sont les enfants ? » « Non et je n’aime pas ça… » En plus d’avoir hérité d’un beau-père qu’elle adorait, elle avait un frère, plus jeune, certes de quelques mois, mais ça faisait d’elle la grande sœur quand même ! Autant dire tout de suite, les deux se sont trouvés tout de suite, de véritables aimants à bêtises ! Alors oui le plus inquiétant n’était pas quand il faisait un bazar monstre, mais plutôt lorsque l’on ne les entendait pas… Pendant que Monsieur et Madame Adler tendaient le cou afin d’apercevoir leurs progénitures, le drap recouvrant le chariot sur lequel se tenait le gâteau bougea légèrement. Puis encore, et encore jusqu’à ce que deux petites têtes en sortent et viennent récupérer de la chantilly du bout des doigts et de repartir se cacher en dessous. Ils réussirent discrètement leur mission gourmandise jusqu’à ce que les traces de leurs doigts deviennent on ne peut plus voyantes…
« Idvotya et Dexter sortez de là tout de suite ! » Le pan sur le côté droit venait d’être levé et les deux gosses en avaient plein le tour de la bouche. Ils échangèrent un regard et de concert se pointèrent mutuellement
« C’était son idée ! ».
Seattle ; 06 Novembre 1997 ; 12h14« Ivy Kallista Adler… » Elle avait beau le répéter elle n’arrivait toujours pas à se dire qu’elle avait officiellement un père ! Enfin que quelqu’un avait voulu devenir son père… Pour autant elle trouvait ça tellement… Naturel ! Ils formaient une famille tout ce qu’il y avait de plus atypique et controversée, mais c’étaient la leur. Lorsque l’on regardait cette famille, si on ne connaissait pas l’historique, on n’aurait pas douté une seule seconde qu’ils étaient parents et enfants, frères et sœurs… Certains pensent que chaque rencontre et inscrite dans un grand livre, elle serait presque à y croire quand on voit la connexion entre elle et Dexter. Qu’importe la situation il y avait toujours l’un pour entraîner l’autre dans sa bêtise, et tout était prétexte à rendre les autres complètement dingues, et surtout leurs parents, ils ont même inventé leur propre check ! Bien évidement ils leur arrivent de se pourrir comme dans toute fratrie mais Ivy n’est jamais capable de lui en vouloir plus de 10 minutes, et puis c’est son petit frère… Elle prend son rôle de grande sœur très à cœur, aussi était-elle la seule à pouvoir se moquer de lui, avantage fraternel non négociable, alors il se pourrait qu’elle ait plus ou moins déclenché quelques échauffourées… Qu’importe les bleus elle finissait toujours par gagner !
New York ; 04 Septembre 2001 ; 08h34Ivy poussait enfin les portes de la Julliard School, cette si prestigieuse école dont elle rêvait depuis toute petite. La danse avait toujours fait partie intégrante de sa vie, elle avait même commencé les cours à l’âge de 4 ans à la Nouvelle-Orléans. Elle n’a jamais été une élève brillante, elle était plus manuelle qu’intellectuelle, elle brillait largement par son absence en cours et si elle a réussi à obtenir son diplôme c’est uniquement grâce à la triche ! Le pire élément dans l’école privée c’était elle… Toujours dans la provocation, à croire qu’elle voulait établir un record de retenue, toujours à rependre des rumeurs afin de créer des conflits entre ses petits camarades, et surtout la plus grande vengeresse. Vous cherchiez à humilier quelqu’un ? Moyennant finance elle le faisait pour vous ! Son meilleur passe-temps contre la monotonie des cours. La seule raison pour laquelle elle faisait minimum office de présence était sa mère… Une mère russe en colère est pire que toutes les catastrophes naturelles réunies ! Et on lui aurait enlevé ses cours de danse… Elle l’avait toujours dit qu’elle avait une âme d’artiste, et sa mère n’avait cessé de lui répéter que ce n’était pas l’âme qui payait les factures ! Même si leur niveau de vie était plus aisé maintenant, ce n’est pas pour autant que ses parents lui payaient tout, bien au contraire, et fort heureusement. Ils lui payaient sa scolarité, mais son logement, les a-côtés elle allait devoir se débrouiller. L’avantage de la Grande Pomme c’est l’opportunité des petits boulots ! Elle arrivait si bien à jongler entre son école et ses différents jobs qu’elle avait même le luxe de rentrer à Seattle presque tous les week-ends.
C’est comme ça qu’elle a eu sa première expérience en tant que barmaid, quelque part c’est une forme d’art aussi… Alors elle partit pendant ses vacances pendant 4 semaines à Sydney pour suivre une formation de barman en intégrant l’European Bartender School. Elle aurait pu choisir plus près, mais tant qu’à s’offrir des vacances, autant partir loin.
Venise ; 25 Août 2015 ; 21h32« Veux-tu m’épouser ? » Oh la poisse ! Voilà exactement c’est qu’elle s’est dit à ce moment précis. Elle n’avait jamais autant souhaité être victime d’hallucination, pourtant il était bien là, devant elle, un genou à terre, tenant un écrin dans lequel se trouvait une magnifique bague, tous les yeux du restaurant braqués sur eux… Son frère l’avait pourtant prévenu que ce voyage
« improvisé » à Venise sentait le coup fourré de la demande en mariage, mais elle avait préféré ne pas le croire, après tout jamais ils n’en avaient parlé, et puis c’était trop tôt, ça ne faisait que deux ans qu’ils se connaissaient, et moins d’un an qu’ils étaient ensemble, une demande bien trop précipitée… Deux ans plus tôt elle avait rencontré Maxim Roiz, après une représentation qu’elle avait faite avec le New York City Ballet. Figure politique montante, il avait tout pour plaire et pourtant elle n’avait pas remarqué une seule seconde qu’il flirtait avec elle. Ce qu’il faut savoir d’Ivy, c’est qu’elle n’est absolument pas sûre d’elle, elle se trouve toujours un tas de défaut physique, mais fait avec, elle n’attend pas du tout qu’on la flatte, bien au contraire plus on va lui faire de compliment, aussi sincères soient-ils, plus elle va les prendre comme des mensonges destinés à lui faire simplement plaisir. Un mal ancré depuis bien des années… Donc passer de l’état de « en couple » à « marié pour la vie »… En plus de l’angoisse qui lui tordait les intestins, elle n’en avait pas envie. Il était adorable, prévenant, gentleman, mais… Ça ne suffisait tout simplement pas à apaiser ses questionnements incessants. En cet instant précis elle prenait toute la mesure du fait qu’ils ne voyaient pas leur relation du même œil, elle ne l’en blâmait pas, mais elle savait qu’en rentrant à New York, elle mettrait fin à cette relation.
« Il a fait sa demande… En plein milieu du restaurant ! » « Alooorssss… Qui avait raison ? » « Dex’ ta gueule ! » « Allez dis le ça te fera du bien…. » « Va chier ! » « On répète après moi… » « Ta gueule bordel ! »New York ; 13 Avril 2016 ; 03h48« Tu dors ? »
« Allez je sais que tu ne dors pas… »
« Réponds-moi… »
« Pourquoi tu me réponds pas ? »
« T’es avec un autre mec c’est ça ? »
« Ne m’oblige pas à faire quelque chose que tu regretteras Ivy ! »
« REPONDS-MOI ! »
« Tu l’auras voulu… »
« Je suis devant ta porte. »Elle pensait sincèrement le connaitre, il avait ce côté lumineux, toujours agréable qui vous réchauffait de l’intérieur, et elle s’était laissée avoir par cette facette bien trop brillante. Elle n’avait pas soupçonné un instant le revers de la médaille. Depuis qu’elle s’était séparée de Maxim ça allait de mal en pis. En rentrant ils avaient eu une grande conversation et ça avait fini sur un
« Prends le temps de réfléchir… » Elle lui avait répondit oui pour ne pas le blesser mais elle savait que sa décision était définitive. Et puis elle avait pensé qu’il l’avait accepté, ils s’étaient croisés plusieurs fois, chose qu’elle pensait aléatoire mais qui était totalement prémédité, et c’était une entente cordiale. Tout a commencé à s’intensifier peu après Noël, il devenait de plus en plus insistant, mais là encore rien de dramatique, une rupture ça n’est jamais évident, et même si elle se donnait bonne figure, ce n’est pas pour autant qu’elle ne souffrait pas. Et puis il y eut la Saint-Valentin… En tant que membre du «
club des célibataires », comme le disait un de ses amis, ils se devaient d’honorer cette fête en se prenant la plus grosse murge de l’année. Programme tout à fait réjouissant… Jusqu’à l’arrivée, hasardeuse ?, de Maxim elle passait un excellent moment… Elle était sortie fumer une cigarette avec un de ses ami qui la voyant souffrir du froid lui avait simplement offert sa veste pour éviter qu’elle ne tombe malade. Un simple geste amical qui déclencha un cataclysme qu’elle n’avait pas vu venir. Elle a juste eu le temps de s’interposer avant de se prendre un coup et de finir dans les vapes les plus complètes. Lorsqu’elle s’était réveillée elle était à l’hôpital et Maxim se répandait en excuse. Elle n’allait pas porter plainte, et un cas isolé ne voulait rien dire…
Et puis commença les coups de téléphone avec personne au bout du fil, puis les messages avec certaines fois des photos d’elle, pour finir par cette sensation constante d’être épiée dès l’instant où elle sortait de chez elle. Toujours plus fort, toujours plus haut… Elle ne dormait pour ainsi dire plus, se retournait dans la rue, changeait de numéro tous les trois matins et surtout trouva son refuge dans toutes les substances illicites possible. La seule chose qui soulageait cette angoisse perpétuelle, qui finissait par l’endormir…
« Porte plainte ! » Quelle magnifique idée… Qui l’aurait prise au sérieux ? Elle n’était qu’une danseuse, lui un homme politique de plus en plus influent… A chacune des représentations il était là, comme pour lui rappeler qu’il la surveillait, qu’il était le chef d’orchestre de sa vie. Alors elle a fait la seule chose pour survivre… Fuir !
Seattle ; 22 Juillet 2016 ; 03h48Le dernier carton venait d’être déballé aussi s’affala-t’elle de tout son long dans son canapé. Il ne lui avait fallu qu’une petite semaine pour arranger toutes ses affaires new-yorkaise et repartir à Seattle au moins le temps qu’elle retrouve un chemin de pensée cohérent et un semblant de sérénité. Elle n’a jamais rien dit sa famille de ce qu’il s’était passé, non pas par manque de confiance en eux, mais plus par manque de confiance en elle, et si jamais ils ne la croyaient pas ? Qu’importe le nombre d’argument cette petite phrase revenait la hanter encore et encore. Que ferait-elle si le cas se présentait ? Elle perdrait aussi sa famille ? Il n’aurait pas cette victoire ! Surtout qu’elle savait qu’il avait contacté sa famille, quelle bêtise elle avait eu de les présenter… Ah bah oui, ils étaient venus la voir à New York, donc forcément… Alors elle avait simplement dit qu’elle s’ennuyait de Seattle et qu’elle avait fait le tour de New York. S’ils ne l’ont pas cru ou qu’ils soupçonnaient quelque chose personne ne lui en a touché le moindre mot, et elle remerciait de ne pas avoir à mentir sur plus qu’un simple mal du pays. Elle était restée quelques temps dans la demeure familiale avant de chercher activement un appartement, une fois que l’on a gouté à la liberté d’avoir son chez soi, on a du mal à s’acclimater à d’autres règles que les nôtres. Sans compter que certains éléments sont censés rester caché bien loin des yeux de nos hôtes. Même après avoir retrouvé un semblant d’équilibre, surtout compte tenu du fait qu’elle se sentait bien plus en sécurité, elle n’avait pas pour autant arrêté la prise de certains substances, elles étaient un peu plus contrôlées mais toujours omniprésentes.
Il est toujours plus simple de vivre dans le déni et de se dire que l’on maitrise, plutôt que de reconnaître qu’il y a un véritable problème sous-jacent… L’introspection c’est la mort !
The Pink Door ; 28 Juin 2018 ; 23h12« Un cosmo, un Bloody Mary, un whisky sec et une spécialité du chef ! » « Spécialité du chef ? » « Ouais ton mec m’a sorti qu’il prendrait ce que t’accepterait de lui faire… » Le torchon qu’elle avait sur l’épaule vint claquer le bord du bar, s’appuyant dessus elle regarda son interlocuteur
« Ce n’est pas mon mec ! » « Dommage, je viens de lui donner ton numéro de téléphone ! » « Quoi… Non mais putain ! » « Faut que tu baises t’en as besoin bébé ! » « Je vais prendre ta tête l’éclater contre le bar et te faire sauter toutes tes dents ! » « Oh oui fais-moi mal ! » Le Pink Door, sa nouvelle maison… Elle avait trouvé la petite annonce de recherche d’une barmaid par pure hasard et voilà deux ans qu’elle campait ce poste. Elle avait même réussi à prendre une deuxième casquette lorsque l’ancien chorégraphe avait claqué la porte une fois l’infidélité de son mec mis au grand jour. Elle avait proposé de le remplacer pour dépanner et depuis c’était son rôle. Elle adorait toujours autant la danse, mais la création des numéros dans ce cabaret burlesque avait quelque chose de grisant, lui insufflait une sensation immense de bonheur, elle pouvait ainsi créer les univers qu’elle voulait et se laisser porter au grè de son imagination. Sans compter que les personnes qu’elle côtoyait étaient diverses et variées, chacun avait son histoire, traînait son lot de casserole, ils pouvaient compter les uns sur les autres, mais dès l’instant que le show commençait, ils devenaient ces artistes évoluant dans le monde qu’ils se créaient, bien loin de tout. Alors qu’elle se convainquait que c’était du flan, qu’il n’avait pas pu lui faire ça elle sentit les vibrations de son téléphone. Un message d’un numéro qu’elle connaissait par cœur, avec une simple phrase :
« Je t’ai manqué ? »…